Pyrénées : pourquoi le vent souffle si fort en altitude

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« C’est comme pour l’eau des torrents » explique Roger Pourtau, prévisionniste à Météo France- Pau-Uzein. « Quand l’eau est resserrée dans des gorges, son débit est plus fort. Quand les rafales de vent descendent dans les vallées, comme un écoulement d’eau, le rythme du débit s’accélère dans les resserrements. Ainsi le vent s’accélère dans les vallées et leurs débouchés avant de se calmer dans la plaine. C’est un phénomène que l’on voit très couramment en vallée d’Aspe » explique-t-il officiel udtalelse.

L’effet Venturi

Bien connu de tous les amateurs de parapente et autres sports aériens, ce phénomène a un nom : l’effet Venturi ou effet tunnel. Dans les zones montagneuses, l’effet Venturi est tout le temps présent. Si les particules d’air rencontrent une montagne (ou tout terrain surélevé), elles se retrouvent obligées pour la franchir de passer par-dessus. La zone de circulation étant moindre, les particules se retrouvent accélérées, de manière à conserver le même débit qu’avant.

C’est pour cette raison que le vent au sommet des montagnes est toujours plus rapide que celui à sa base. De façon similaire, un col de montagne va créer une accélération des vents en aval de cette ouverture dans les montagnes. Le phénomène avait été particulièrement spectaculaire lors de la tempête Xinthia en hiver 2010, ravageant des forêts entières dans les vallées.

C’est ainsi que les anémomètres d’Iraty ou du Soum Couy, sur les crêtes de Soule et Barétous, enregistrent régulièrement depuis le début de l’hiver des rafales dépassant allégrement les 100 km/h, et jusqu’à 190 km/h à Iraty en début de mois (notre édition du 7 février). Pas plus tard que vendredi dernier, alors que le temps était plutôt calme en plaine, les stations devaient fermer partiellement leurs pistes en raison de rafales de près de 100 km/h.

Le vent du sud annonce la dépression d’ouest

Quant à la fréquence des vents et tempêtes en cet hiver 2014, elle n’étonne pas plus que ça les spécialistes de Météo France. « Il n’est pas anormal d’avoir des tempêtes en hiver » tempère Roger Pourtau.

« Depuis plusieurs semaines la circulation des perturbations atlantiques arrive entre Bretagne et Grande Bretagne. En arrivant, ces dépressions génèrent un enfoncement d’air froid qui redescend jusqu’à hauteur du Portugal. Le flux d’air descend alors pour contourner l’air froid puis remonte du sud-ouest » explique-t-il. C’est pourquoi nous avons de grands coups de vent de sud sud-ouest, souvent accompagnés d’un effet de foehn, avant qu’on ne retrouve un flux d’ouest nord-ouest quand l’air froid a dégagé vers l’est.

« Ce type d’orientation sud, accentuée par l’effet Venturi, explique ces vents forts que l’on voit surtout sur la partie ouest de la chaîne, en particulier vers Iraty et les vallées béarnaises » conclut le prévisionniste de Météo France.

Le foehn, mangeur de neige

Bien connu en Béarn, l’effet de foehn se caractérise par l’assèchement d’un vent dominant. Après avoir été entraîné par la circulation atmosphérique au-dessus d’une chaîne montagneuse, son contenu est réduit à l’état de vapeur d’eau. Ce type de vent nous vaut des redoux spectaculaires mais parfois très dangereux, provoquant des risques d’avalanche et d’incendie. C’est lui aussi qui permet aux Palois de prendre l’apéro en bras de chemise et en terrasse au milieu de l’hiver.

L’effet de foehn est aussi appelé « mangeur de neige », tant il peut faire fondre rapidement le couvert neigeux. Cette capacité est principalement due à leur température, mais la déshydratation de la masse d’air y participe également. Enfin le foehn, que l’on appelle vent d’Autan en Midi-Pyrénées, a aussi la réputation de rendre fou !

Source: La République des Pyrénées.

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